Un avion était prêt pour le conduire à l’étranger, lorsqu’Ali Bongo a finalement renoncé à faire ses valises, malgré l’insistance de sa sœur Pascaline Ferry Bongo Ondimba, nous relate une source. Sans plus de détails. A quel pays notre interlocuteur faisait-il allusion ? Parlait-il du Maroc ?
Si Ali Bongo décidait de s’exiler, sans doute le Maroc serait un pays d’accueil de premier choix. La famille Bongo et la famille royale du Maroc entretiennent des relations séculaires depuis Omar Bongo Ondimba et le roi Hassan II. Ali Bongo et Mohammed VI sont très proches depuis leur enfance. Au Maroc, il est comme chez lui, où il dispose d’une somptueuse villa à Marrakech. Victime d’un accident cardiovasculaire (AVC) à Ryad en 2018, où il sera sauvé in extrémis par les médecins saoudiens, c’est sur insistance du monarque chérifien qu’Ali Bongo sera transféré à l’hôpital d’instruction militaire Mohammed-V de Rabat, avant de poursuivre sa convalescence dans une résidence privée dans la capitale marocaine.
Autre pays d’exil de préférence pour le président déchu, y figure en bonne place le Togo. A Lomé il sera à son aise. Ali Bongo et le président togolais Faure Gnassingbé sont très proches. Tous deux fils de président décédé au pouvoir, avant d’y accéder à leur tour, à la suite de la tenue d’élection présidentielle contestée et par la répression par l’armée de la rue, il partage un destin commun qui a fortifié leur amitié. C’est d’ailleurs au Gabon, que son demi-frère et ancien ministre de la Défense, Kpatcha Gnassingbé, détenu depuis quatorze ans, pour tentative d’assassinat contre son président de frère, avait passé un séjour médical de quatre mois en mars 2023 à Libreville, avant de regagner Lomé.
Parmi les autres pays d’accueil, il y a également la Côte d’Ivoire. Le président ivoirien Alassane Ouattara n’a jamais oublié le soutien que lui avait porté Ali Bongo pendant la grave crise postélectorale ivoirienne de novembre 2010 – avril 2011. Le Gabon, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, avait soutenu Ouattara en votant la résolution 1975 qui donnait quitus à une intervention militaire pour faire partir Laurent Gbagbo. Seul pépin, Ouattara, sauf surprise ne briguera pas un quatrième mandat. En cas de changement de régime, les choses pourraient mal tourner pour Ali Bongo.
Hors du continent. De confession musulmane, il y a le Qatar… Mais bien entendu l’Arabie Saoudite. L’Arabie Saoudite se verrait bien accueillir l’ancien numéro un gabonais, victime d’un AVC au sommet du « Davos du désert » de Ryad, avant d’être sauvé par les médecins saoudiens à l’hôpital du roi Fayçal. De plus, c’est encore la capitale du royaume d’Arabie saoudite qu’Ali Bongo avait choisi pour marquer son retour sur la scène internationale, à l’occasion du Sommet de l’initiative verte du Moyen-Orient en 2021.
Ensuite, il y a Londres la capitale préférée de villégiature de la famille présidentielle déchue. Là-bas, les Bongo disposeraient de plusieurs biens immobiliers, entretiennent de bonnes relations avec le roi d’Angleterre Charles II. Mais une épée de Damoclès pèse sur la tête d’Ali Bongo, l’affaire des biens mal acquis et la menace de l’ouverture d’un dossier judiciaire sur les violences post-électorales de la présidentielle de 2016, si des citoyens ou une ONG venaient à porter plainte en se constituant en partie civile.