Si on peut saluer le nombre de candidat élevé comme un critère de pluralisme, preuve donc de la bonne santé de notre système démocratique, revers de la médaille : c’est aussi l’arbre qui cache la forêt.
Pour la grande majorité des candidats, ils sont sans base électorale, ni formation politique structurée, avec pour seul argument de vote la proximité ethnoculturelle ou régionale et une volonté peu raisonnable de se debarasser coûte que coûte d Ali Bongo.
Or, la jeunesse gabonaise ne rêve pas forcément l’alternance politique au sommet de l’Etat. Elle n’a pas connu les années de plomb du régime Omar Bongo Ondimba, avec le monopartisme et son lot de privatisation de liberté, d’emprisonnement voir d’assassinat. Elle rêve de plein-emploi, elle se passionne pour l’entreprenariat. Elle pense développement et modernité. Dans ce cas proposer à la jeunesse gabonaise un projet de société qui se résume à évincer Ali Bongo du pouvoir paraît inopportun plutôt que de proposer un projet de société formalisé et empirique cadrant avec les aspirations de la jeunesse gabonaise et du peuple de façon générale.
Alors un projet de société basé uniquement sur l’objectif de sortir Ali Bongo du Palais Rénovation, déclarer que seule la fraude peut vous faire perdre, ne pas disposer les moyens de garantir la sécurisation du vote, chauffé à blanc ses militants quitte à les envoyer dans la rue torse nue face au blindé de la police, sans stratégie de remplacement en cas d’échec renvoie au jour d’après. Le grand vide, puis la division et la démobilisation de ses troupes.
La multitude de candidature au sein de l’opposition pourrait cacher un mal profond : celui d’une opposition en déstructuration qui ne parvient pas à favoriser l’émergence et la pérennité de formation politique structurée au sein desquelles pourraient émerger de futurs grands leaders capables de gagner une élection présidentielle et de gouverner.