Avec l’économiste Mays Mouissi vous avez produit un rapport qui fait le bilan du second septennat d’Ali Bongo Ondimba. Quelle a été votre méthodologie ?
Harold Leckat Igassela : Je tiens tout d’abord à vous remercier pour l’intérêt que vous portez à ma modeste personne et au travail que Mays Mouissi et moi avons abattu avec l’aide d’une trentaine de Gabonais. Pour répondre à votre question, notre méthodologie a été simple. D’abord, nous avons pris connaissance du programme « Mon engagement pour un Gabon émergent » proposé par le candidat Ali Bongo Ondimba à l’occasion de sa candidature à la présidentielle de 2016 pour identification et énumérer ses différentes promesses. Ensuite, nous avons élaboré une méthodologie en partant de l’identification des personnes-ressources, de la cartographie des sites à visiter dans le cadre de la réalisation du projet, la collecte des documents pertinents tels que les textes de lois, les fiches de projets, des documentations financières, des rapports et des études, des communications institutionnelles du Gouvernement et de ses partenaires, articles de presse, etc. et la création de la base documentaire du projet. De plus nous avons procédé à des visites de terrain sur les sites de différents projets, annoncés par le candidat Ali Bongo Ondimba et contenus dans son programme en 2016, à Libreville et à l’intérieur du pays le cas échéant, quand cela était possible et autorisé, ceci pour estimer le degré d’évolution des projets en fonction des délais annoncés. Nous avons également procédé à des entretiens avec des responsables de l’administration, des parlementaires et des élus locaux de tous bords, des échanges avec des représentants des bailleurs de fonds concernant les projets qui bénéficient de leur appui technique et financier et enfin nous avons analysé les résultats obtenus sur le plan économique et social par rapport aux engagements contenus dans le programme.
Sur 105 promesses, votre enquête inédite estime que seules 13 ont été tenues, 59 sont non réalisées, les autres ne l’ont été que partiellement. Pensez-vous avoir assez de ressources pour en venir à cette conclusion ?
jamais des citoyens n’avaient pris l’initiative de produire par eux-mêmes un bilan exhaustif et documenté de la mise en œuvre des engagements contenus dans le programme présidentiel d’un Chef d’État
Harold Leckat Igassela : Il s’agit d’un exercice de confrontation factuel entre des engagements programmatique et des réalisations sur le terrain. Bien que ce rapport soit inédit parce que depuis l’accession du Gabon à l’indépendance en 1960, jamais des citoyens n’avaient pris l’initiative de produire par eux-mêmes un bilan exhaustif et documenté de la mise en œuvre des engagements contenus dans le programme présidentiel d’un Chef d’État, nous l’avons fait. Nous avons pris le temps nécessaire et nous nous sommes entourés de personnes suffisamment outillées pour le produire. Il nous a pris près d’une année de travail. Je venais de vous expliquer la méthodologie que nous avons adoptée et le nombre de personnes qui se sont impliquées dans sa réalisation.
Ne pensez-vous pas avoir manqué d’équilibre de l’information en ne vous rapprochant pas des autorités gouvernementales pour avoir les éléments des réponses pouvant conduire à mieux élaborer votre rapport ?
Si le gouvernement à une réponse à apporter à ce bilan qui n’est pas exclusif au Chef de l’Etat sortant, c’est de nous présenter par exemple qu’il y a eu une réduction drastique du nombre de grèves
Harold Leckat Igassela : Nous n’avions pas besoin d’équilibrer nos informations dans la mesure où nous sommes partis du programme de société « Mon engagement pour un Gabon émergent » du candidat Ali Bongo Ondimba en 2016. L’exercice ne consistait pas à interviewer les autorités gouvernementales, mais à évaluer le niveau de mise en œuvre de chaque engagement programmatique sur la base duquel le président avait été déclaré vainqueur le 27 août 2016. Si le gouvernement à une réponse à apporter à ce bilan qui n’est pas exclusif au Chef de l’Etat sortant, c’est de nous présenter par exemple qu’il y a eu une réduction drastique du nombre de grèves, qu’à la Cité de la démocratique, il existe 110 000 m2 de bureau dédiés à l’administration centrale, que les nominations aux postes de responsabilité de l’administration sont effectuées au terme d’un appel public à candidature sur des critères de sélection rigoureux et documentés ou encore qu’il existe 4 établissements régionaux dédiés au sport et une académie nationale de sport-étude pluridisciplinaire pour ne citer que ces exemples.
Depuis la publication de votre rapport si le gouvernement n’a pas encore réagi, cependant plusieurs voix officieuses vous accusent d’avoir produit un rapport biaisé et de faire dans du clientélisme ? Qu’en pensez-vous ?
des mercenaires sans aucune morale qui viennent chercher à discréditer une œuvre qui n’est rien d’autre que l’illustration de l’incapacité de l’équipe sortante
Harold Leckat Igassela : Ces voix officieuses nous les entendons surtout à travers des médias dont on ne connait ni le siège ni l’identité des directeurs de publication encore moins des journalistes. Ce ne sont que des mercenaires sans aucune morale qui viennent chercher à discréditer une œuvre qui n’est rien d’autre que l’illustration de l’incapacité de l’équipe sortante à implémenter et coordonner avec efficacité la mise en œuvre du programme septennal du président Ali Bongo Ondimba. J’invite mes compatriotes à télécharger le rapport sur les sites https://mays-mouissi-consulting.com/ et https://www.gabonmediatime.com/, à le lire et à se faire eux-mêmes leur propre idée de la façon dont le pays a été gouverné ces 7 dernières années.