J’ai pensé. Si l’ancien homme fort du régime d’Ali Bongo Ondimba a subi les pires tortures qui existent. Malgré sa bourse, la pléiade d’avocats et la protection consulaire de Paris en raison de sa pluri-nationalité, notamment française, je n’ose pas imaginer le sort réservé, au sans-nom et au sans-dent dans nos prisons qui vivent une double peine : d’abord l’enfer sur terre à cause du jugement des hommes avant le jour du jugement dernier. J’ai rêvé d’un pays où peu importe le crime commis, chacun de nous est droit à un procès équitable et en cas de condamnation au respect de sa dignité dans un milieu carcéral où l’on peut finir sa vie paisiblement ou avoir la chance de réintégrer la société. Car la prison c’est la privation de liberté et rien d’autre. Voilà où s’arrête ma compassion à l’endroit de Laccruche Alihanga.
Mais ne me demandez d’être Laccruche Alihanga. Sinon demandez moi aussi d’être Ali Bongo Ondimba, Sylvia Bongo ou Magloire Gambia. Au passage, concernant Ali Bongo, en Europe, 86 ans après, on juge les criminels nazis, sur un lit d’hôpital, une chaise roulante, même touché par la maladie d’Alzheimer. Donc l’excuse que ce dernier a été manipulé par ses proches pour lui éviter la case prison est une insulte à notre intelligence. Mais bon à défaut de nos enfants, l’Histoire saura s’en chargé et correctement.
Laccruche Alihanga. Déjà, on s’étonne de sa sortie de prison sans aucun décret. Idem pour Renaud Allogho Akoue, Justin Ndoundangoye et cie. Vive l’indépendance de la justice ! Normalement dans un pays para-normal, ils auraient dû avoir droit à un nouveau procès équitable pour prouver leur innocence.
Ce n’est pas tout. A peine en liberté provisoire, le nommé explique qu’il a été jeté en prison, parce qu’il avait plaidé pour que le président déchu renonce à l’exercice du pouvoir en raison de son état de santé, et s’être opposé à la gabegie financière de l’ex first lady et à la volonté de prise de pouvoir de Noureddin Bongo Valentin. Des explications tordues… Pardi que c’est fort de café !
Nous n’avons pas oublié. Voilà un individu qui avait plié la République en deux, en faisant baisser l’échine aux ministres, aux secrétaires généraux, aux directeurs généraux et autres, parce qu’il était le directeur de cabinet du président déchu tout en rêvant d’être calife à la place du calife. Directeur de cabinet du président de la République, seulement ça ! Tenez-vous bien un simple commis de l’Etat ! Connaissez-vous un concours, un examen, un appel à candidature, ou une élection, passage obligée pour être directeur de cabinet du président de la République ? Diantre que non ! Qui peut me citer le nom du directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, de Joe Biden ou de Poutine ? On est directeur de cabinet du président de la République par le truchement des réseaux, c’est tout. A ce propos, y’a beaucoup à dire, mais restons sur notre sujet.
Il est question d’humanisé le milieu carcéral. Ne dit-on pas que l’on juge une société à la manière dont elle traite ses bagnards ?
C’est comme la folie, personne n’est à l’abri de cette maladie. Sylvia Bongo, Laccruche Alihanga et les autres, n’avaient jamais imaginé un jour être locataire à Sans-famille. Que ceux qui nous gouvernent aujourd’hui fassent tout pour que nos prisons ne soient plus des mouroirs, mais des lieux de redressement avant de recouvrer la liberté, ou encore un endroit où l’on peut finir ses jours en payant son tribut à la société.