Dans une tribune, vous dénoncez “la docilité” de Séraphin Akuré-Davain, le co-président pour le compte de l’Opposition, suite aux conclusions de la Concertation politique que vous jugez favorable à la Majorité, en faisant un lien avec les ennuis judiciaires du parti Les Démocrates, pour ne pas le citer, Guy Nzoumba Ndama. Pouvez vous nous préciser votre pensée ?
Étienne Francky Meba Ondo : J’ai en effet publié une tribune adressée à l’honorable Séraphin Akure-Davain en sa qualité de co-président (opposition) de la concertation politique qui livrait ses conclusions le 23 février 2023.
Ce n’est pas un débat personnel que nous posions mais un débat sur le respect de l’Etat de droit et l’attachement aux principes de bon sens.
Parce que nous avons été à l’initiative et actifs durant l’actualité qui a conduit non seulement à la dissolution en janvier dernier du Bureau du Centre Gabonais des Elections (CGE) mais aussi à son renouvellement.
Trouvez-vous normal que de soi-disant opposants accompagnent toute la mascarade qui a été orchestrée au CGE par le ministre de l’Intérieur, en violation du Code électoral et de la Constitution qui exigeait en son article 85 une suspension de la procédure de renouvellement à la suite de notre saisine – partis membres de la Plateforme Alternance 2023 – auprès de la Cour constitutionnelle ?
Que penser de cette opposition qui accepte de participer à un processus de renouvellement du Bureau du CGE en dehors de l’exigence de parité requise dans la composition des organes y relatifs ?
C’est la même opposition complice du PDG qui vient de participer à une Concertation politique axée sur tout, sauf les questions de transparence électorale. Alors que le but de cette rencontre était de réformer le Code électoral pour ne plus subir le tripatouillage des élections et son lot de violences et de pertes en vies humaines.
Voici le principal de ma récente intervention.
S’agissant de la parenthèse sur les ennuis judiciaires du président du parti Les Démocrates, je ne faisais que rapporter les interrogations de certains compatriotes pour tenter de s’expliquer les comportements dociles et serviles des opposants dont nous célébrions pourtant hier les prises de parole à l’Assemblée nationale.
Parce qu’une certaine opinion publique pense que l’esprit pusillanime qui a prévalu chez ces opposants au CGE et durant la fameuse concertation, s’agissant notamment du co-président Séraphin Akure, pourrait être la contrepartie de négociations souterraines relatives aux ennuis judiciaires du président de son parti.
Si cette hypothèse est avérée, la concertation n’aura alors été qu’une monnaie d’échange. A tel point que les préoccupations de milliers de compatriotes quant à la transparence électorale pour des lendemains électoraux apaisés ont été ignorées.
Sinon, en quoi le retour à l’élection à un tour, la réduction du montant de la caution à la présidentielle et tous les autres bidules annoncés participent-ils à la transparence électorale ? Quel Gabonais avez-vous vu contester une élection présidentielle (sous Ali Bongo Ondimba) pour ces raisons évoquées ? C’est de l’enfumage.
Le débat aurait dû porter sur une réforme immédiate du CGE qui a aujourd’hui à sa tête un PDGiste à la moralité douteuse, en violation de la loi. Que dire du convoyage des urnes désormais réservé aux militaires et du processus de publication et d’affichage des résultats ? Comment s’assurer que plus aucun QG de campagne ne sera mitraillé en cas de défaite du pouvoir PDG comme en 2016 chez monsieur Jean Ping ? Voici quelques points essentiels.
Mais l’opposition du PDG a plutôt choisi d’aller distraire la galerie à cette fameuse concertation, de toucher ses perdiems et négocier des faveurs politiciennes qui n’ont aucun intérêt pour le Gabonais lambda.
L’histoire retiendra et n’oubliera pas.
Ne pensez-vous pas que si vous n’auriez pas claqué la porte des négociations de la Concertation politique, vous auriez pu peser dans les discussions et empêcher par exemple le retour à une élection présidentielle à un seul tour ? Ne pensez-vous que la politique de la chaise vide vous a desservi au détriment de la Majorité ?
Vous savez, si le respect mutuel n’est pas le fondement des relations humaines et, donc, politiques, à quoi bon les forcer ?
À notre sens, cette concertation exigeait en amont la mise en place d’un comité préparatoire statuant sur le format, l’ordre du jour et tous les contours de son déroulement. Cela n’a pas été fait. Du moins, le pouvoir PDG a refusé de le faire.
Pis, vous avez écouté monsieur Ali Bongo Ondimba lors de son discours de clôture du 23 février dernier. Il a dit avoir donné des “consignes” qui ont été respectées par les délégués présents à ladite concertation, opposants y compris. Est-ce là l’esprit d’une concertation ?
Nous n’avons pas de consignes à recevoir de monsieur Ali Bongo Ondimba. Ce d’autant que nous nous opposons à juste titre à sa gouvernance exécrable du pays. Seuls ses partisans officiels et ceux que nous venons de découvrir en mission de sabotage dans l’opposition se soumettent à ce mélange des genres malsain.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils sont allés exiger de se faire nommer sénateurs. Dans aucun de nos mémorandums, nous n’avons formulé une telle demande.